2017年1月28日
《费加罗报》
特朗普对墨西哥的铁腕政策可能成为一个被写进教科书的经典案例,预示着美国在世界的新立场。美国总统在竞选初期就指责南部邻国墨西哥向美国输送“罪犯和强奸犯”。特朗普曾在竞选中许诺,一旦当选总统,将在美国和墨西哥边界修建3200米的隔离墙,而且居然要求墨西哥人为修墙买单。而两国边界早已存在约1200米长的实体屏障和电子屏障。所以对特朗普的承诺的解读不应只停留在表面,还应分析背后的深层次源头。其实真正激怒美国总统的是美国对墨西哥的贸易逆差高达近590亿美元。他决心削减贸易逆差,不言而喻从中赚回来的钱将专用于加强边境管控。
但对于布什政府和奥巴马政府时期的国土安全专家塞特·斯托德(Seth Stodder)来说,隔离墙并不能解决美国真正的移民危机。他说:“十五年来,我不仅见证了两国边境本身的非同寻常的变化,同时也见证了两国关系的日益加深。”
美墨边境线上早已修建过防御工事,比尔·克林顿政府在二十世纪九十年代就开始在美墨边境修建边境墙,布什政府在2006年又延长了边境墙,塞特·斯托德认为这些已经发挥了作用。而且考虑到修筑边境墙的成本之高(国会估计在120亿美元到150亿美元之间),以及来自后勤保障和法律上的重重阻力(德克萨斯州的大部分边境领土都是私有的,其合法征用将会是一个漫长的过程),没有必要再继续延长边境墙了。自2000年以来,非法穿越边界的墨西哥人数量已经减少了75%。2016年,穿越沙漠或者翻越障碍偷渡的人不到12000人,其中绝大部分都被边境巡逻队抓获。付给“土狼”(蛇头)的越境费用在15年内涨了12倍。根据皮尤研究中心的一项研究,更多的墨西哥人现在离开美国回到家乡,而不是相反。
真正的危机是来自中美洲的成千上万的为了躲避帮派暴力和极端贫困的移民。去年,18913名危地马拉人,17512名萨尔瓦多人和10468名洪都拉斯人穿越墨西哥前往美国。他们不是要偷越,而是要寻求难民身份。他们不试图逃避检查,而是向当局提出寻求庇护。美国需要的不是一堵墙,而是移民法院的大力加强:还有50万移民档案待审理。
墨西哥在这股汹涌的难民潮问题的应对上发挥了至关重要的作用,阻止了其南部边界的数千名偷渡者,使他们无法寻求人道主义保护。美国报复性的停止这种合作,修建隔离墙,将加剧美国的移民问题。斯托德认为,唐纳德·特朗普在兑现他的竞选口号之前没有密切关注边境的现实。
从北美自由贸易协定看也得出同样的结论。一方面,北美大市场使墨西哥经济得到飞速发展,现在墨西哥已成为世界第十一大经济体,提供了数百万的就业机会,因此大大减少了人们移民的理由。其次在美国,可能有600万个就业岗位依赖于北美自由贸易协定。这个协定也促进了美国跨国公司的繁荣,它们从南里奥格兰德省获得了大量廉价劳动力。
北美自由贸易协定生效近二十五年,当然需要修改完善以符合新形势。它在起草时,没有涉及有关电子商务,数据保护或网络犯罪的任何规定。也可以通过补充一些社会或环境措施使其更加完善,例如特朗普宣告退出的跨太平洋伙伴关系协定(TPP)中所包含的措施。墨西哥更愿意避免与其强大的邻国发生贸易战。 客观的说,墨西哥也主动加强边界管理,防止武器或毒品走私以及洗钱活动。但他在美国还有合作伙伴吗?
真正激怒美国总统的是华盛顿与墨西哥城的贸易逆差高达近590亿美元。
Le bras de fer amorcé par Donald Trump avec le Mexique pourrait constituer un cas d'école, préfigurant la nouvelle posture américaine dans le monde. Le président s'est lancé dans ce combat dès le premier jour de sa candidature, en accusant le voisin du sud d'envoyer aux États-Unis « des criminels et des violeurs ». Sa promesse de construire un mur sur les 3 200 km de la frontière - déjà couverte de barrières physiques et électroniques sur environ 1 200 km - a défié la logique en affirmant que le puni paierait pour son humiliation. Cette assurance ne devait pas être entendue au pied de la lettre. Ce qui exaspère le président américain, c'est le déficit commercial de près de 59 milliards de dollars dans les échanges entre Washington et Mexico. Puisqu'il est déterminé à réduire cette disparité, il était implicite qu'une partie du montant regagné par les États-Unis serait affectée au renforcement de la frontière.
Mais pour Seth Stodder, expert de la Sécurité intérieure dans les Administrations Bush et Obama, le mur ne répond pas à la véritable crise migratoire que connaissent les États-Unis. « En quinze ans, j'ai été témoin non seulement d'une transformation extraordinaire de la frontière elle-même, mais aussi de l'approfondissement de notre relation avec le Mexique », souligne-t-il.
Selon lui, la fortification amorcée par Bill Clinton dans les années 1990 et prolongée par Bush en 2006 remplit déjà son office. Du fait de son coût, estimé par le Congrès entre 12 et 15 milliards de dollars, des obstacles logistiques et juridiques - la plupart des terrains frontaliers au Texas sont des propriétés privées, dont les expropriations promettent de longues batailles en justice -, son extension serait devenue inutile. Le nombre de Mexicains franchissant illégalement la frontière a été réduit de 75 % depuis 2000. En 2016, ils étaient moins de 12 000 à traverser le désert ou à escalader les barrières, pour la plupart arrêtés par les Border Patrols. Le prix d'un « coyote » (passeur) a été multiplié par 12 en quinze ans. Selon une étude du Pew Research Center, davantage de Mexicains quittent aujourd'hui les États-Unis pour retourner chez eux, que le contraire.
La vraie crise concerne les milliers de migrants d'Amérique centrale qui fuient la violence des gangs et l'extrême pauvreté. L'an dernier, 18 913 Guatémaltèques, 17 512 Salvadoriens et 10 468 Honduriens sont remontés à travers le Mexique vers les États-Unis. Ceux-là ne cherchent pas la clandestinité, mais le statut de réfugiés. Ils n'essaient pas d'échapper aux contrôles, mais se présentent aux autorités pour demander l'asile. Plutôt que d'un mur, c'est d'un renforcement considérable des tribunaux de l'immigration dont les États-Unis ont besoin : 500 000 dossiers sont en attente de jugement.
Face à cet afflux, le Mexique joue un rôle crucial en bloquant à sa frontière sud des milliers de candidats qui ne peuvent prétendre à une protection humanitaire. Un arrêt de cette coopération en représailles à la construction du mur aggraverait la situation migratoire des États-Unis. Pour Stodder, Donald Trump ne s'est pas penché de près sur la réalité à la frontière avant de donner suite à son slogan.
Le même constat peut être fait à propos de l'Alena. D'une part, le grand marché nord-américain a permis un développement considérable de l'économie mexicaine, désormais la 11 e du monde, fournissant des millions d'emplois à une population qui trouve ainsi moins de raisons de s'exiler. Aux États-Unis, 6 millions d'emplois dépendraient du traité. Celui-ci a aussi contribué à la prospérité des multinationales américaines, qui profitent de la main-d'oeuvre moins chère au sud du Rio Grande.
Près de 25 ans après son entrée en vigueur, l'Alena mérite certainement d'être modernisé. Il ne comprend aucune disposition sur le commerce en ligne, la protection des données ou la cybercriminalité, inexistants à l'époque de sa rédaction. Il pourrait aussi être enrichi de mesures sociales ou environnementales - du type de celles qui figuraient dans le TTP dénoncé par Trump. Le Mexique préférerait faire l'économie d'une guerre commerciale avec son puissant voisin. Il a aussi objectivement intérêt à renforcer sa frontière, par laquelle passent trafics d'armes ou de drogue et blanchiment d'argent. Mais a-t-il encore un partenaire aux États-Unis ?
Ce qui exaspère le président américain, c'est le déficit commercial de près de 59 milliards de dollars dans les échanges entre Washington et Mexico.